La vigne à Cazedarnes
Vignes avec vue sur le Caroux.
Au cours de l'année, la vigne se réveille, bourgeonne, grandit et s'épanouit, est généreuse avant de rabattre son beau plumage qui dessine un paysage pittoresque entrecoupé de mazets
LA VIE AGRICOLE toujours en mouvement
Antérieurement à Cazedarnes, « Les cultures n'étaient pas aussi variées qu'aujourd'hui, où le vignoble domine, et représentées par une large gamme allant des champs aux prés et aux jardins. Une minutieuse statistique tirée du compoix de 1634 révèle 736 champs, 672 olivettes, 357 vignes, 205 ferrajals (près à fourrage),140 rompudes (défrichements, le plus souvent, sur les parties pierreuses des garrigues), 170 jardins sur le territoire de Cessenon dont Cazedarnes faisait partie jusqu'en 1850.
On trouve principalement des céréales : blé, seigle, orge, paumelle, avoine; des oliviers; des vignes (des chartres de 1362 et 1407 indiquent l'ancienneté du vignoble).
La culture de la vigne, avec ses cépages de choix, comme la clairette et le muscat, n'a tenu longtemps qu'une place secondaire. Les innombrables murs de pierre sèche qui barrent toujours nos coteaux, indiquent encore l'emplacement ensoleillé des anciens vignobles, producteurs d'un véritable nectar, mais si pénible à cultiver; Les mûriers : culture qui se généralise en Languedoc dans la première moitié du XVIIIe siècle ; les vergers : amandiers, cerisiers, noyers, noisetiers, poiriers, pommiers, pruniers, figuiers, grenadiers ; les prés ; les jardins.
Récoltes: la moisson en été,vendanges en automne, cueillette des olives aux approches de l'hiver. »
(extrait de « CAZEDARNES ou L'HISTOIRE D'UN VILLAGE », Comité des Fêtes 1994).
Les cultures dans le passé s'expliquent par divers éléments. D'une part, les difficultés de transport des denrées permettant de consommer celles d'autres régions plus adaptées à certaines cultures. D'autre part, des besoins différents notamment l'avoine et le fourrage pour les chevaux, seuls outils de transport dans les campagnes. La monoculture y était donc exceptionnelle car sinon les habitants n'auraient pas eu une alimentation suffisamment variée et des besoins essentiels n'auraient pas été couverts.C'est le développement (parfois très lent) des échanges d'abord intra régionaux (canal du Midi et l'amélioration des transports par voie de terre avec de meilleurs chemins et une plus grande sécurité), ensuite nationaux dont le chemin de fer : reliée aux grands réseaux ferrés, la ligne Béziers- Saint Chinian arrivent à Cazouls en 1876 et est achevée l'année suivante. L'arrivée du phylloxéra dans la région (à Cébazan et Pierrerue en 1878, Cfr La République du Midi, 23/06/1878), est une grande épreuve pour les viticulteurs. Elle imposera notamment une mutation des cépages. Au XXè siècle le développement du transport par véhicule automobile (camions,..) qui enrichit la table des habitants du Midi. L'amélioration des techniques agricoles communes à l'Europe occidentale y est aussi essentielle tout autant que l'ouverture des frontières (à partir des années 1960) avec la PAC de la CEE.
Cette
diversification des produits disponibles par les transports va
entraîner des modifications dans les traditions ; par exemple la
châtaigne longtemps recherchée (et entretenue) car servant de « féculent
» disparaitra quasi totalement des tables du Midi avec l'arrivée des
pommes de terre en provenance de régions plus propices à sa culture.
Pour faire face aux difficultés rencontrées par le vigneron isolé, le Midi va se couvrir de coopératives de vinification dont celle de Maraussan est emblématique. A Cazedarnes, la coopérative sera inaugurée en 1957. Des fêtes du vin furent organisées par exemple le 22/10/1960.
L'appellation Coteaux de Fontcaude regroupait en vin de pays 6 villages dont Cazedarnes
En
1982, ce sera, pour les rouges, la définition de l'Appellation (AOC)
Saint Chinian dont Cazedarnes est partie prenante. L'AOC St Chinian pour
les blancs date de 2005. Ces appellations iront de pair avec une amélioration des cépages et des pratiques (réduction de la productivité à l'hectare).
Le
10 juin 1978, une tornade ravagea le vignoble cazedarnais.
A cette occasion dans son adresse de
bienvenue du 4/07/1978 à l'Evèque de Montpellier, Monseigneur BOFFET en
visite à Cazedarnes après ladite tempête (grêle), le Curé ENJALBAL
décrivait comme suit l'agriculture locale : "Je vous aurais dit
encore qu'on ne trouve pas ici de grandes propriétés mais plutôt des
exploitations moyennes groupées à la coopérative qui font un vin
d'excellente qualité, qui permet aux familles de vivre sans luxe mais
convenablement, de restaurer l'habitat et d'accueillir les vacanciers,
attirés par son soleil, son calme, son site. "
L'occupation des sols de la commune (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (54,7 % en 2018), néanmoins en diminution par rapport à 1990 (59,3 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : cultures permanentes (44,7 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (38,9 %), zones agricoles hétérogènes (10 %), zones urbanisées (4,8 %), forêts (1,6 %). Le nombre d'exploitations agricoles en activité et ayant leur siège dans la commune est passé de 67 lors du recensement agricole de 1988 à 48 en 2000 puis à 35 en 2010 et enfin à 31 en 2020, soit une baisse de 54 % en 32 ans. Les exploitations sont généralement viticoles, les raisins étant conduit à une coopérative plus ou moins proche, soit Cazouls/Enserunne ou Cessenon,… et cela depuis l'intégration de la coopérative locale dans la première citée. Il n'y a plus que trois établissements vinicoles indépendants. Le même mouvement est observé à l'échelle du département qui a perdu pendant cette période 67 % de ses exploitations. La surface agricole utilisée sur la commune a également diminué, passant de 488 ha en 1988 à 316 ha en 2020. Parallèlement la surface agricole utilisée en moyenne par exploitation a augmenté, passant de 7 à 10 ha.
Les vendanges se font de plus en plus mécaniquement.
Après des étés de sécheresse, la question se pose à nouveau d'une adaptation des cultures aux nouvelles données climatiques (voire aux nouveaux comportements de nombreux consommateurs) notamment par le développement du réseau d'arrosage agricole (BRL), de nouveaux cépages,….